La sécurité alimentaire du pays dépend des travailleurs migrants; pourtant, ceux-ci sont les plus vulnérables au travail forcé.
TORONTO, le 9 févr. 2023 – Chaque année, des centaines de milliers de travailleurs migrants arrivent au Canada, persuadés qu’il s’agit d’une « terre d’opportunités ». Ils offrent à la nation une main-d’œuvre essentielle qui alimente notre économie. Ces travailleurs s’attendent à être traités équitablement par leurs employeurs. Si de nombreux le sont, ce n’est pas le cas pour un nombre croissant de travailleurs migrants, notamment ceux qui contribuent à la culture et à la récolte de nos denrées alimentaires. Quatre-vingt-cinq pour cent des Canadiens croient que les travailleurs migrants arrivent au Canada pour bénéficier de meilleures conditions de vie et de travail*, mais en réalité, plusieurs quittent leur pays d’origine et doivent finalement composer avec de fausses promesses et faire face à des abus et des intimidations.
La traite des travailleurs est un problème sérieux au Canada. Si tout le monde peut être victime du travail forcé, les travailleurs migrants y sont d’avantage exposés en raison de leur statut d’immigration précaire, de leur isolement et de barrières linguistiques. Une nouvelle étude menée par le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes (le Centre) – un organisme caritatif national qui se consacre à la lutte contre la traite des personnes – révèle que malgré l’omniprésence de la traite des travailleurs, plus de la moitié des Canadiens (55 %) ne croient pas ou ne savent pas qu’il s’agit d’un problème d’envergure au Canada. Cette méconnaissance aggrave le problème.
« Des promesses d’emplois bien rémunérés et d’accès à des opportunités pour elles-mêmes et leurs familles attirent les victimes de la traite de personnes vers le Canada. Cependant, lorsqu’elles arrivent ici, elles sont contraintes de travailler de longues heures dans des conditions de travail précaires et dangereuses et ce, pour peu ou pas d’argent », explique Julia Drydyk, directrice exécutive du Centre canadien pour mettre fin à la traite de personnes. « Dans bien des cas, ces travailleurs ne réalisent pas qu’ils ont des droits. Beaucoup se sentent menacés et isolés, alors ils font ce qu’on leur dit. Nous savons que les Canadiens veulent aider – 93 % d’entre eux sont favorables au traitement équitable des travailleurs migrants – mais nous savons aussi que 85 % ne savent pas comment poser des gestes concrets. La capacité d’identifier la traite de personnes constitue une première étape essentielle pour l’arrêter. »
À l’occasion de la Journée nationale de sensibilisation à la traite des personnes soulignée le 22 février, le Centre fait part de la problématique de la traite des travailleurs aux Canadiens et annonce la venue prochaine d’une campagne éducative destinée aux travailleurs migrants. Prévue pour avril, moment où débutent les travaux saisonniers, cette campagne de sensibilisation multiforme aidera les travailleurs migrants à comprendre leurs droits et fera connaître la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes du Centre.
La Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes est un service confidentiel et
multilingue, disponible dans plus de 200 langues, et ce, 24 heures par jour, 7 jours par
semaine. Elle aide les victimes, les survivants, les personnes à risque et les personnes
concernées par la traite de personnes à des fins sexuelles ou de travail forcé à accéder à
des services essentiels.
Si vous pensez que vous ou quelqu’un que vous connaissez peut être victime
d’exploitation, appelez
1-833-900-1010 ou communiquez avec nous par messagerie ou formulaire Web :
www.canadianhumantraffickinghotline.ca/fr/
La sécurité alimentaire du Canada dépend des travailleurs migrants
La traite de personnes peut se produire dans presque tous les secteurs, de la construction à l’hôtellerie. Chaque année, c’est le secteur agricole qui emploie le plus de travailleurs étrangers temporaires, les ouvriers agricoles généraux représentant 56 % de cette main-d’œuvre, suivis des ouvriers des pépinières et des serres (15 %)1. Les travailleurs migrants dans l’agriculture sont plus vulnérables à l’exploitation en raison des barrières linguistiques et des conditions de travail ou de vie isolées.
Les Canadiens accordent une grande importance à l’industrie agricole; 96 % des personnes interrogées estiment qu’il est important de soutenir l’agriculture canadienne, et 96 % croient d’entre elles que les Canadiens méritent d’avoir accès à des aliments nutritifs et abordables. Ce que beaucoup ne réalisent pas, c’est que la sécurité alimentaire au Canada repose sur les travailleurs migrants. Il est donc essentiel de soutenir cette main-d’œuvre vitale, et pas uniquement par compassion.
Trois étapes pour trouver une solution
Étape 1 : Informez-vous
Les trafiquants de main-d’œuvre – recruteurs, entrepreneurs, employeurs et autres – peuvent contraindre des personnes à travailler contre leur gré en recourant à la violence, aux menaces, aux mensonges et à la « mise en servitude pour dettes ». Dans bien des cas, les victimes de la traite de personnes :
- habitent des logements insalubres qui présentent des risques pour la santé et la sécurité;
- effectuent des travaux en dehors de leurs conditions contractuelles;
- voient leur salaire réduit ou retenu par son employeur;
- paient des services (par exemple, un voyage au Canada) que les employeurs sont légalement tenus de couvrir;
- reçoivent des menaces d’expulsion s’ils s’expriment ou défendent leurs droits;
- se voient retirer leur passeport et/ou d’autres documents juridiques;
- subissent de la discrimination de la part de leur employeur.
L’incompréhension en ce qui a trait à la traite des personnes au niveau national lui permet de prendre de l’ampleur; l’éducation à cet égard est donc essentielle. L’étude a révélé ces perceptions erronées et fréquentes :
- 43 % des Canadiens croient que la traite des travailleurs nécessite le passage illégal de travailleurs à travers les frontières. Un autre 25 % ne sait pas si c’est le cas. En réalité, bon nombre de victimes arrivent au Canada par des voies légitimes.
- 61 % des Canadiens croient ou ne savent pas si les travailleurs migrants doivent reverser une partie de leur salaire à leur employeur, pour couvrir les frais de leur venue au Canada. Cette pratique est illégale, mais de nombreux trafiquants exigent des « remboursements de dettes » et volent les salaires de travailleurs peu méfiants.
Apprenez-en davantage à ce sujet en consultant le site Web du Centre.
Étape 2 : Reconnaissez les signes
Appelez le Centre canadien pour mettre fin à la traite de personnes si vous ou quelqu’un que vous connaissez :
- Sont contrôlés par d’autres personnes et escortés à tout moment.
- Ont vu leur passeport ou des documents d’identité confisqués par un employeur.
- Expriment de la peur et semblent intimidés, l’expriment par des expressions faciales ou le langage corporel.
- Ont des ecchymoses ou d’autres signes de violence physique, y compris la malnutrition.
- N’ont pas accès à des services médicaux de base ou se voient refuser ces services par un employeur.
Vous trouverez une liste plus complète des signes de traite de personnes sur le site Web du Centre.
Étape 3 : Que pouvez-vous faire pour changer les choses? Parlez-en et partagez la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes
Souvent, les victimes de la traite de personnes ne connaissent pas leurs droits ou ont été délibérément mal informées pour les empêcher de demander de l’aide. Si vous avez le sentiment que quelque chose ne va pas, parlez-en et encouragez les personnes à risque à appeler la Ligne d’urgence au 1-833-900-1010.
Indépendante des services policiers ou gouvernementaux, la Ligne d’urgence dispose de protocoles spécialisés et s’associe à plus de 900 prestataires de services partout au pays, ce qui permet au personnel de mettre les appelants en lien avec des experts et des services localisés qui répondent à leurs besoins uniques, tels que des cliniques juridiques, des services d’assistance juridique et des réseaux de défense des droits des migrants. La Ligne d’urgence peut également proposer des orientations supplémentaires vers des partenaires communautaires outillés pour répondre aux besoins fondamentaux en matière de logement, de nourriture, de vêtements, etc. Un appel pourrait tout changer.
« Pour une grande majorité de travailleurs migrants, le fait de ne pas savoir à qui faire confiance, où aller et comment accéder aux renseignements relatifs à leurs droits constitue un obstacle majeur », ajoute Mme Drydyk. « Le manque de connaissances rend les travailleurs migrants vulnérables à l’exploitation. Et la méconnaissance de cet enjeu de la part des Canadiens fait perdurer les abus. En tant que nation qui dépend de ces travailleurs essentiels, nous devons faire mieux. »
À propos du Centre canadien pour mettre fin à la traite de personnes
Le Centre canadien pour mettre fin à la traite de personnes est un organisme de bienfaisance national dévoué à la lutte contre la traite de personnes au Canada. En 2019, l’organisation a lancé la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes, un service multilingue disponible 24 heures par jour, 7 jours par semaine, accessible par téléphone, messagerie, formulaire web et courriel. Le Centre est également l’organisation nationale de base qui travaille sur cette question. Il collabore avec les gouvernements, les entreprises et les prestataires de services pour faciliter la collaboration, identifier les pratiques exemplaires et faire progresser le changement en vue de mettre fin à la traite dans notre pays. Pour de plus amples renseignements sur le Centre, consultez le site Web : www.canadiancentretoendhumantrafficking.ca/fr/.
Pour plus d’information, ou pour parler avec un représentant du Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes, veuillez communiquer avec :
Danee Wilson
Strategic Objectives
Tél. : (437) 917-9445; Courriel : dwilson@strategicobjectives.com
Aziz Froutan
Gestionnaire des communications
Le Centre canadien pour mettre fin à la traite des personnes
Tél. : (647) 714-2527; Courriel : afroutan@ccteht.ca
* Méthodologie de l’enquête : Enquête auprès des adultes canadiens (n=1 514). Sur le terrain : 24-26 janvier 2023 Marge d’erreur : +/- 2,5 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95 %. L’échantillon a été équilibré et pondéré en fonction de l’âge, du sexe, de la région et de l’éducation. |
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1 Système d’étude d’impact sur le marché du travail (EIMT) d’Emploi et Développement social Canada (EDSC). Donnés de janvier à juin 2022. |