*Si vous êtes une victime de la traite des personnes et que vous avez besoin de soutien et de services, vous pouvez appeler la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes, gratuite et confidentielle, au 1 833 900-1010, peu importe l’heure de la journée. Des intervenants spécialistes sont disponibles pour discuter avec vous et planifier votre sécurité, notamment des options liées au transport.
Les trains, les avions et les automobiles sont tous des modes de transport qui sont souvent utilisés, à l’insu de l’industrie, pour faciliter la traite des personnes au Canada. Les trafiquants ont recours à divers réseaux de transport, aux niveaux national et international, pour assurer les déplacements des victimes de la traite des personnes et éviter de se faire remarquer. Le billet qui suit donne un aperçu de la façon dont les trafiquants utilisent ces systèmes. Il fournit en outre des conseils pour aider les intervenants du secteur des transports à repérer des activités liées à la traite des personnes et à rendre leur industrie moins attrayante pour les trafiquants.
Au Canada, les trafiquants se servent de l’industrie des transports à différentes étapes du processus de recrutement pour la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle à l’échelle nationale. Par exemple, des lieux physiques comme les gares d’autobus, les gares ferroviaires et les arrêts d’autobus sont des endroits connus où peuvent se produire le leurre et le conditionnement pour la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle. Après avoir recruté une victime, les trafiquants se chargent de ses déplacements d’un endroit à l’autre et d’une ville à l’autre. Ils utilisent pour ce faire des véhicules privés, des voitures louées et les transports en commun comme les autobus, le métro, le train et les avions afin de maximiser les profits, d’accéder à de nouveaux marchés et d’éviter la concurrence. Les déplacements fréquents aident également à maintenir un contrôle sur la victime, qui pourrait ne pas savoir où elle se trouve, ni comment obtenir de l’aide, et ils permettent plus facilement aux trafiquants de ne pas se faire repérer par la police.
Le secteur des transports ne devrait toutefois pas seulement offrir une formation sur la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle, puisque les réseaux de transport servent également à la traite des personnes à des fins d’exploitation du travail. Les victimes de cette forme de traite peuvent entrer au Canada par voie aérienne après avoir reçu une fausse promesse d’emploi ou de possibilité d’études. Les victimes de la traite des personnes à des fins d’exploitation du travail peuvent également accéder aux réseaux de transport pendant leur expérience de traite. Les réseaux de transport en commun, comme les trains, les métros et les autobus, peuvent être utilisés pour les déplacements quotidiens des personnes qui travaillent dans des industries reconnues pour favoriser ce type de traite, par exemple les bonnes d’enfants, les cuisiniers, les personnes chargées du nettoyage et de l’entretien, les personnes prodiguant des soins personnels, etc.
L’industrie des transports fait-elle actuellement quelque chose pour lutter contre la traite des personnes ?
Oui ! Plusieurs entreprises et intervenants du secteur des transports ont reconnu la gravité de ce crime et ont commencé à se prononcer contre la traite des personnes et à offrir des formations au sein de leur organisation. Nous présentons ci-dessous des exemples de telles initiatives, ainsi que des pratiques exemplaires suggérées :
Dans l’industrie du transport routier, des organisations comme Truckers Against Trafficking font mieux connaître aux camionneurs et aux personnes chargées de l’application de la loi au Canada et aux États-Unis la traite des personnes, les indices à repérer et les façons de procéder à un signalement. Pour accroître la sensibilisation, des écoles et des associations de camionnage dans l’ensemble du Canada pourraient inclure cette ressource gratuite dans la formation obligatoire que reçoivent tous les nouveaux conducteurs. Un babillard mobile, comme celui récemment développé par la Fédération des femmes du camionnage du Canada, constitue un autre moyen novateur de faire connaître le numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes et d’améliorer la sensibilisation au sein de la population en général.
Les plateformes de taxis et de covoiturage devraient s’efforcer de renseigner les conducteurs sur les indicateurs de la traite des personnes et la façon d’utiliser la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes. Afficher le numéro de la Ligne d’urgence dans le taxi ou l’application est un bon moyen de rejoindre des survivants potentiels. Cliquez ici pour en savoir davantage au sujet de la collaboration du Centre avec Uber Canada en vue de lutter contre la traite des personnes.
En ce qui a trait à l’industrie du transport aérien, une formation et des politiques exhaustives concernant la lutte contre la traite des personnes, ainsi que des lignes directrices claires pour les signalements par des employés devraient faire partie de la formation annuelle offerte aux membres de l’équipage, au personnel de cabine, aux exploitants d’aérogare et aux autorités aéroportuaires. Les compagnies aériennes devraient également songer à afficher le numéro de la Ligne d’urgence dans des endroits qui sont accessibles au personnel et aux passagers, comme les salles de toilette et dans les vidéos d’information avant un vol. En plus du fait que certains transporteurs canadiens comme WestJet ont collaboré avec le Centre et d’autres partenaires afin de développer, pour leurs employés, une formation contre la traite des personnes, l’Association du Transport Aérien International a mis une formation à la disposition du secteur du transport aérien.
Alors quelles sont les prochaines étapes ?
Malheureusement, les victimes de la traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle et du travail ont une autre chose en commun : elles n’ont souvent pas accès à des modes de transport sécuritaires et fiables lorsqu’elles quittent une situation de traite des personnes. Par conséquent, comment l’industrie des transports peut-elle aider à résoudre ce problème ?
Tout d’abord, les sociétés publiques et privées de transport peuvent travailler en partenariat avec des organismes non gouvernementaux et des organisations offrant des services de première ligne afin de fournir des bons ou des billets aux survivants qui se sortent de situations abusives.
Les compagnies de transport et les associations, entre autres, devraient également mettre en œuvre une formation et des politiques organisationnelles axées sur la personne, qui tiennent compte de la perspective des survivants et qui présentent des faits concernant la traite des personnes. La formation devrait être assortie de protocoles clairs concernant les signalements, qui faciliteraient la tâche des employés qui désirent sonner l’alerte dans tout cas soupçonné de traite de personnes.
Finalement, les entreprises devraient afficher le numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes dans des endroits visibles et très achalandés pour que les employés et les passagers puissent le voir et pour permettre aux personnes qui en ont besoin de le composer et d’obtenir du soutien et des services.
Que peuvent faire les gouvernements pour lutter contre la traite des personnes qui exploite l’infrastructure des transports au Canada?
- Communiquer le numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes à toute personne qui obtient ou renouvelle son permis de conduire, son passeport ou son permis de travail du Canada.
- Obliger l’affichage du numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes dans des restauroutes, les transports en commun, les aéroports, les ports maritimes et les postes frontaliers terrestres.
- Afficher le numéro de la Ligne d’urgence canadienne contre la traite des personnes sur des écrans installés aux abords des autoroutes provinciales.
- Mettre en œuvre une formation de sensibilisation et des protocoles adaptés, axés sur les survivants et centrés sur les données concernant la traite des personnes à l’intention des personnes chargées de l’application de la loi qui patrouillent les autoroutes du Canada ainsi que les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada qui travaillent aux postes frontaliers et dans les aéroports.